De prime abord, c'est une grave erreur de prétendre avoir assisté à la mort de l'Art depuis l'avènement des nouvelles technologies. Celles-ci prennent de plus en plus d'importance dans l'Histoire de l'art car ce nouveau vecteur de la propagation de la pensée picturale, visuelle,artistique et sonore n'est qu'un moyen supplémentaire et prodigieux de communiquer de la créativité, du savoir, de l'énergie. Les dieux sont morts, nous en sommes à peu près certain mais les artistes n'ont jamais été aussi vivants et capables de réagir et d'interagir en réaction ou en soutien à notre société qui va mal ou bien ou plutôt tout aussi mal qu'avant.

La reproduction sauvage tue une certaine forme de commerce et donne quelques boutons de fièvre aux grandes Majors de la musique, c'est presque un bien, les milliardaires de cette industrie le seront un peu moins mais jamais pauvres ou incapables de produire. La reproduction sauvage ne tue pas les petits artistes fort heureusement. Le " sampling ", le " copy/past " vont avoir pour conséquence une diffusion plus rapide des ouvres et on ne peut que s'en réjouir. On mangera des images et on les digérera plus vite. Tous les artistes vont enfin prendre conscience grâce aux nouvelles habitudes cybernétiques et dans le réel, que nous sommes tous là pour participer à une grande ouvre virtuelle collective, témoins de notre siècle, une ouvre de sang mêlé positive et pleine de signifiés. L'art n'a jamais été si foncièrement utile, vivant, provocateur, polysémique partageable avec tous. Nous ne sommes qu'au début d'une ère nouvelle fort enrichissante, avec abolition de l'espace temps et lieu. Un monde sans propriété mais un monde passionnant.

Le problème des théoriciens c'est qu'ils théorisent, ils ne créent pas, ils théorisent sur des principes dans de petits bureaux. Un artiste qui vit et travaille sur le net, échange des idées et a compris ses mécanismes intrinsèques, sait que les mondes virtuels c'est un plus pour n'importe quel créateur qui sait que prendre le virtuel pour ce qu'il est, un gain de temps, une encyclopédie ouverte et une fin, surtout pas un moyen. La propriété intellectuelle est morte vive l'art libre ! !

Frédéric Vignale

collagiste, rédacteur, webmestre - Paris, FR