Je relisais il ya peu l'ouvrage de Harry Bellet, " le marché de l'art s'écroule demain à 18h30 "qui démonte et décortique toute la mécanique mercantile omniprésente dès qu'il est question de création aujourd'hui.
Le constat est tout simplement terrifiant, des sociétés comme Sotheby's ou Christies en passant par les désormais incontournables "curators", l'ensemble de ce petit monde régit les lois d'un marché ou la puissance financière permet de fabriquer des côtes aussi aisément qu'on avalerait un verre d'eau...
Les alliances d'intérêt, galeries/sociétés;curators/artistes etc... vont toujours et exclusivement dans le sens du profit le plus immédiat et le plus substantiel possible.
A tout ce micmac je comparais la bouffée d'air frais représentée par l'émergence désormais évidente du net/art , alternative bienvenue autant qu'inespérée.

C'est quelque chose en devenir, quelque chose qui est entrain de se faire, rien n'est figé donc et tout est encore possible, les acteurs du net/art ont saisi avant les autres le formidable challenge offert par le biais de ce médium .
Basée sur le postulat de l'échange la création sur le net utilise toutes les ressources techniques à disposition pour définir de nouvelles zones d'intervention partagées qui peuvent ainsi être assimilées à un réseau producteur de sens. Les contributions de chacun ( textes, images, animations, sons, etc...) dynamisent des ensembles qui ont de ce fait la particularité d'exister en " écho" et qui sont donc à tout moment susceptibles de se ou d'être modifiés. L'autonomie de l'oeuvre ainsi acquise est à la mesure des capacités de duplication, transformation , modification dont est capable la machine...
Est-il besoin de souligner par ailleurs l'exceptionnelle capacité de diffusion du net ? On peut être partout depuis chez soi, comme le dit Tamara Lai, ".. c'est la proximité à distance .."et cette diffusion instantanée et planétaire installe de fait la communication, provoque l'échange, bien loin des circuits traditionnels grippés aux entournures.

Cette facilité d'apparaître où on le souhaite est une des grandes forces du net/art, elle l'afffranchit de fait de la tutelle pesante des systèmes en place, chacun ( la vedette comme le sans grade) se trouve sur la même marche, un petit site peut avoir plus d'audience qu'un gros site lourdement financé, les compteurs sont remis à zéro et les dés ne sont donc plus pipés. Il est aussi question à ce point précis de la suppression des intermédiaires, de ces gens qui font profession d' établir le contact entre un éventuel public et des artistes en mal de reconnaissance. La restauration des échanges, entre artistes d'abord puis entre artistes et public ensuite n'est pas la moindre des conséquences positives de l'irruption du net/art dans le paysage de la création actuelle. Le partage effectif soit des taches soit du plaisir ressenti grace à un travail ne peut et ne doit pas être considéré comme un épiphénomène anecdotique , ces échanges sont en quelque sorte le rétablissement avéré d'un lien social dont la fonction dépasse évidemment le simple cadre de la sphère artistique. Peu importe la virtualité ( relative) , l'utilisation de pseudos ou bien d'avatars, la concrétisation ( ou pas ) par des rencontres en chair et en os, la réalité toute simple conduit simplement à prendre acte de messages, d'images, de mots qui ne sont pas, c'est une certitude, des utopies.
Le net/art ne va pas remplacer tout ce qui existe déjà, c'est une aventure de plus , sans doute une des plus excitante à l'heure actuelle, les acteurs sont déjà en place, alors ... moteur !

ART HUNTER 30/12/2001