Le MUSEE DU POINT DE VUE de Jean Daniel Berclaz

Le Musée du point de vue, association sous la loi de 1901, est une structure institutionnelle qui gère des actions artistiques liées à l'urbain et qui a comme principales propriétés: pas de lieu, pas d'oeuvre. C'est le musée qui se déplace vers l'œuvre, et c'est l'oeuvre qui définit l'exposition. Le MDPDV organise des vernissages auxquels des publics plus ou moins définis sont conviés. La notion de "point de vue" veut dire « paysage », le rapport au paysage physique et mental. L'origine du mot vernissage vient de Courbet qui invitait les publics chez lui et mettait la couche de vernis sur le tableau, il faisait chez lui un vernissage. Du point de vue du Musée du point de vue, le vernissage est vu en lui-même comme une couche de vernis et non pas comme un aboutissement, comme vernis final. Le public s'intéresse plus à l'acte créatif, dans mon cas le vernissage, qu'à l'oeuvre elle-même. Au lieu de le mettre en "contemplation" je le mets en "danger", je mets le public face à lui-même, il y a un rapport romantique qui s'instaure. Le public vient sur le site, il entre dans l'atelier, il n'est plus en contemplation il fait son interprétation, il est devant et avec le modèle. Le reste m'échappe, le point de vue c'est l'attitude du public, une fois existant, "un point de vue" déclenche "un autre". Tout est réel, je ne dissuade pas. En fait je supprime un parasite de la chaîne de création, le public se retrouve dans la même situation que l'artiste, il est entièrement responsable de son oeuvre. J'enferme le public dans un musée d'art en plein air sans murs et sans objets d'art. L'implication du public est déterminante, si il n'y a pas d'implication c'est dû au hasard. Le musée reçoit, c'est lui qui offre, il n'est pas question que les gens viennent avec des cacahouètes, ce n'est pas un picnic, les serveurs sont en smoking, les bouteilles de vin ont l'étiquette du "Musée du point de vue". L'oeuvre d'art est mentale. Elle existe dans la distance entre l'habitude ou le quotidien, et le décalage que quelqu’un peut lui donner. Les oeuvres ont une limite temporelle qui est plus fonctionnelle, un moment précis, de la même façon qu'aller par exemple en voyage à Londres. Une fois que l'original a lieu, le reste c'est un travail d'archivage, de documentaliste. L'artiste fait le lien entre le public et l'art, l'artiste définit le cadre de lecture, il provoque un décalage, il devient un provoquant. Je n'ai aucune volonté ou intention artistique. Je ne suis plus un artiste, seulement le directeur du "Musée du point de vue", comme tous les directeurs, je suis détaché de l'idée de l'art. 
 
Jean Daniel Berclaz

artiste - Nîmes, France