Technikart mai 02 - La société de conversation / DIGITAL / BAROMÈTRE
+ www.art-death.be.tf / "L'art est mort, par quoi le remplaceriez-vous ?, interroge tout simplement l'artiste belge Tamara Laï. déjà des centaines de réponses. Et la vôtre ?
Extraits de l'interview de Tamara Laï par PEM, pour le cahier central de l'Echo du Village (FR) fév. 02
Pouvez-vous nous présenter votre site " Art-death " ?
Tout est
dit sur le site : " depuis quelques années, certains théoriciens
affirment que, avec l'avènement de l'internet et la reproduction sauvage
(sampling, copy/past etc.), nous assistons à la mort de l'art. En partant
du
postulat que l'art est mort, par quoi le remplaceriez-vous ? " Je cherche
à récolter des pensées sur le sujet, des textes mais aussi
des images, vidéos,
musiques.. Je veux provoquer réactions et réflexions, connecter
des individus sensibles à cette problématique mais qui ne se connaissent
pas. Sur Rhizome.org, site de New-York, le débat se poursuit depuis presqu'un
mois.
Comment vous est venue l'idée de " Art-death " ?
Au fil
des discussions sur les listes de diffusion, online, mais aussi offline. J'ai
constaté, en écoutant parler artistes et acteurs culturels,
une certaine mouvance qui exalte certains, les praticiens et amateurs du web
art, et en inquiéte d'autres, les artistes plasticiens surtout.
Mais le débat n'est pas neuf, seulement réactualisé.
Les internautes ont-ils été réceptifs ?
J'ai lancé
le premier appel le samedi 15 décembre à sept heures. Moins de
deux semaines plus tard, il y avait déjà une centaine de réponses
sur le
site, monté au fur et à mesure des arrivées.
Qui répond ?
Une majorité
d'artistes, d'acteurs culturels, des formateurs, des intellectuels du monde
entier ; j'espère que le " grand public " va aussi se
manifester.
Et vous, qu'en pensez-vous : est-ce que l'internet est la mort de l'art ?
Non bien
sûr, internet nous ouvre le cyber-espace, plus accessible que les voyages
vers les étoiles, où l'on peut partir à la rencontre non
pas de E.T.
mais d'autres hommes et femmes, éloignés, différents et
pourtant si proches. Pour l'artiste, c'est un rêve merveilleux devenu
réalité : échanger, partager et construire avec d'autres
artistes difficilement accessibles autrement, avec lesquels il pourra redéfinir
son identité et sa perception du monde et ainsi, se ressourcer non pas
au contact de la nature cette-fois, mais de l'humanité même.
Par contre, je pense qu'au-delà des modes du " free copy/past "
où il est dit que tout ce qui est sur le net doit être partageable
(dès lors, quiconque peut à peu de frais et à moindre effort
s' improviser " auteur de quelque chose ") et, à moins que
de cultiver le sens de " l'infime différence ", je crains que
beaucoup d'oeuvres finissent par se ressembler. Il reste que les inventeurs
vrais (qui ne font sans doute que redécouvrir mais à la lumière
d'une pensée revivifiée : la leur), seront bientôt devenus
rares et plus précieux que jamais.
Par quoi le net remplacerait-il l'art ?
L'art est
un espace où l'individualité peut s'exercer en toute liberté
; remplacer l'art signifierait remplacer ces individus qui font acte d'art,
du moins éteindre en eux cette étincelle indéfinissable
: peut-être une définition de la "liberté"?.
(lire à ce sujet la réponse d'Henri Guéguen)