Maintenant à la surface de l’eau,
je m’extrais de ma coque
étends un bras, puis l’autre
ça y est, je suis dehors.
Des êtres de verre,
éclairés à la faveur de la lune
dessinent des ombres alentours.
Je me fais tout petit,
Dieu qu’ils sont beaux !
En de brusques déhanchements,
ils s’étreignent violemment
puis se repoussent avec fièvre.

Des âmes ours, dans une danse sans fin,
tournent les uns autour des autres
dans l’espérance d’une fusion
avec leurs soeurs des cieux.

Des boussoles, affolées par l’orage,
détalent comme des lièvres
en criant : je suis en retard ! je suis en retard !
Loin est le nord
pour les mécaniques de pacotille.

Les créatures marines ondulent en silence.
Fornication à l’air libre
pour un accouplement de chair et de pulpe.
Algues enchevétrées, nageoires encastrées
des bouches de désir,
chasseuses avides et livrées,
avalent goulument chaque centimètre de mon corps
offert l’espace d’un instant.