| Th. PROFIT - Paris (FR) agent d'art site fermé 01 
		42 38 98 59 - 06 62 66 98 59 "FACE 
		OFF" A 
		la question de la réussite, Thierry Théolier répond 
		par une création in situ et multimédia. Dès lors 
		il engage une stratégie d'infiltration des réseaux et plus 
		particulièrement de ceux de l'art et des média. Le corps 
		et la conscience étant considérés selon l'artiste 
		comme des média au même titre que les nouvelles technologies, 
		ils deviendront ses outils de prédilection. Il propose une oeuvre 
		mi-réelle / mi-virtuelle intitulée FACE OFF et composée 
		d'une part d'un personnage médiatique réel, THTH, et d'autre 
		part d'un portait vidéo réalisé à base d'échantillons 
		d'une photo de l'acteur Jim Profit (personnage principal de la série 
		américaine culte " Profit ") hybridé à 
		l'aide d'un logiciel de morphing avec la photo personnelle de Thierry 
		Théolier. Cette création pose des questions sur l'aliénation 
		du jeu social et sur les failles d'un réseau. L'histoire de "Profit", dont s'inspire entre autres la création de Théolier, est celle d'un jeune yuppie qui décide de prendre le pouvoir dans une multinationale. Son but étant la destruction systématique de ses collègues, il va user des plans machiavéliques les plus complexes afin d' effacer les éléments qui contrarient son ascension. Avec ce personnage nous sommes manifestement en face de la perversion élevée au rang d'art majeur, les créateurs de la série renvoient aux téléspectateurs une image magnifiée du machiavélisme. Le manque d'audience et l'arrêt définitif de la série au bout de sept épisodes démontrent que le thème a mis les Américains mal à l'aise : cette série explore en effet les mythes fondateurs de cette Amérique que sont la réussite individuelle, l'argent, le pouvoir et la famille (le héros tue son père et couche avec sa belle-mère dès le premier épisode), mythes qu'elle passe à la moulinette en les exposant dans toute leur cruauté. Thierry Théolier choisit de détourner la " figure " de ce personnage afin de mieux poser cette question : la réussite d'un artiste est-elle due plutôt à son talent de plasticien (net-art compris) qu'à ses capacités relationnelles et technologiques à se glisser dans un réseau de diffusion ? ou peut-être bien encore à toutes ces données à la fois ? et si c'est le cas, l'ouvre en tant qu'objet d'art réel ou virtuel - le réseau de l'art étant étendu depuis longtemps au net art donc sur le web - n'est elle pas épuisée définitivementpar un art de l'infiltration comme le pratiquent les hackers et autres " pirates de l'art " ? Thierry 
		Théolier tente de répondre à cette question en donnant 
		naissance à un personnage médiatique surnommé THTH. 
		Et, parallèlement, il crée un (auto)portrait "TH PROFIT" 
		à partir des échantillons d'une photo de l'acteur de Profit 
		et d'une photo personnelle. A l'aide d'un logiciel de morphing, l'artiste 
		élabore un visage intermédiaire : véritable porte 
		conscience à ses démarches de pirate, politiquement incorrect 
		mais courtisé et séducteur. Son personnage labellisé 
		par les médias et désigné par eux comme " l'artiste 
		sans oeuvre " ou " le pirate de l'art ", joue un jeu de 
		rôle et d'infiltration au sein de ces media pour atteindre le réseau 
		de l'art. En incarnant globalement une attitude stratégique de 
		self-promotion accompagnée d'un alibi, l'art, il utilise comme 
		prétexte à un travail de parasitage un tampon-media assénant 
		" Approved by Alibi-Art ". L'application de ce tampon agit tel 
		un virus qui va s'incruster dans différents supports comme les 
		flyers ou les affichages urbains. Plus encore, THTH va multiplier ses 
		interventions en s'infiltrant également sur des listes de diffusion 
		via le web.En présentant aux médias sa fonction de censeur 
		médiatique , il leur propose un miroir flatteur qui, très 
		vite, produit les fruits de la séduction tandis que sa propre médiatisation 
		attire à lui un autre réseau, celui de l'art ; réseau 
		qui a également besoin d'un médiateur, sorte de booster-émulateur 
		des relations publiques. Pour ce jeu de rôle, Thierry Théolier incarne son propre booster médiatique à force de présence et de relations publiques, celles qui lui permettront de s'introduire tel un virus dans le réseau des médias (presse écrite : Technikart, Elle, Aden, Nova, Libération, Inrockuptibles et télévisions : Canal +, Canal Jimmy, FR 2), il s'agira également d'intégrer des expositions (Oh ! les beaux jours !, Wonderland T.V.) et surtout le réseau on-line (exposition globale permanente). Pour se lancer, il ira jusqu'à organiser des partouzes auxquelles participent, entre autres, des journalistes et des artistes. C'est en jouant en somme un jeu de rôle dangereux - n'est-ce pas là un terrain de jeu glissant ? - qu'il décide d'ouvrer in situ, réellement, en jouant du personnage THTH pour démonter un système : c'est " Le mal par le mal ", la même stratégie qu'avait choisie Lorenzaccio, le personnage d'Alfred de Musset, c'est-à-dire d'utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins. Il a choisi de projeter sur son travail et sur sa personne la mise en abîme jusqu'à son paroxysme de la logique d'un système et de ses mécanismes. Ce travail peut être critiqué par sa suffisance, jugé pervers ou manipulateur notamment par les acteurs homologués du " vrai " système de l'art et sans doute auront-ils raison. Cependant derrière ce simulacre se cache une réalité du monde de l'art que celui-ci évite soigneusement d'exposer : le fait d'être un système comme n'importe quel autre, comme le système de la politique entre autres. Le travail de cet artiste est sans nul doute ambigu, paradoxal voire borderline. Néanmoins s'y décèle une puissante volonté de Rédemption et de démystification. En examinant de plus près son travail et en dépassant les leurres sémantiques à la mode (la psychologie, la technologie, les médias, le net art etc.), nous réalisons que l'activité artistique de Thierry Théolier tourne autour de l'émancipation d'une âme en lutte avec un système. L'art se subsistant à la vie, l'avatar se substitut à l'artiste dans ses démarches, la boucle est bouclée, le système est parfait. Dans cette figure, l'artiste se décharge sur un " porte-conscience-oeuvre " comme l'avait imaginé Oscar Wilde pour " Le portait de Dorian Gray ". Serge 
		Balasky /10.03.00 |