art & resistance : questions/réponses
1. dans le champ de l'art, comment définissez-vous l'attitude de résistance ?> in the artistic field, how do you define the attitude of resistance ?
2. pensez-vous que la résistance est un devoir pour l'artiste ?> do you think that resistance is a duty for the artist ?
1. especially in the digital domain, resistance by artists is necessary against the subsumption of creativity by law, order and politics, formalised in unrealistic copyright and property laws...
2. yes, but it can only be a cultural resistance, the protection of the
freedom of speech, creativity, and the cultural artifact as a dynamical
and open object, owned by machines and humans either: no discrimination!
Guy Van Belle, curateur de "cultural resistance" BXL2000 (B) www.dbonanzah.org/
plus que resistance
je pense que l'Existance est un devoir pour l'artiste
comme les ermites équilibrent l'énergie du monde quand d'autres....
L'artiste doit par son Existance dire "PRESENT !"
Résistance suppose une guerre
Existance suppose d'être VIVANT !Dominique Abraham, graphiste (FR)
1. Avant d'être de l'art, c'est de la résistance puis ça peut eventuellement
devenir de l'art.
2. Faut pas confondre art et résistance, l'un peut vivre sans l'autre. On fait
rarement une oeuvre pour le geste, faut pas se leurrer... c'est d'abord pour
soi. N'empêche q'une idée valable au service de la résistance peut servir et il
se pourrait qu'il y ait une portion de beau geste.Manuel Alves Pereira, plasticien (B)
1. la résistance, outre le fait de ne pas plier à des modes de pensées à des fins purement stratégiques en laissant l'éthique aux autres, doit être faite par rapport à soi. Une résistance donc face à la facilité et à l'oeuvre d'art (depuis le temps que l'on sait qu'elle ne se fige qu'avec le temps, à moins que l'on joue avec des oeuvres-produits avec lesquelles il faut encore résister face à la contemplation assise)
2. je ne sais pas ce qu'est un artiste
j'avais un cordonnier qui est un génie, mais c'est un artisan ; je pense d'autre part à un styliste qui dirige aujourd'hui la ligne Givenchy et dont tout le monde préfère oublier qu'il est prolétaire et artiste en résistance face au monde luxueux par lequel il doit se faire valoir
en fait, je crois qu'il y a des travaux avant tout et qu'ils n'ont de sens qu'à travers leur lecture
donc, la résistance s'essouffle assez vite une fois reconnue
je préfère le mot progressisme et logique évolutive face à soi-même
l'obligation, si l'on reste honnête avec soi, de rectifier chaque faute qu'est le dernier travail dans le prochainPascal Tondeur , infographiste (BXL, B) www.transcultures.net
La liberté d'un artiste ne consite t-elle pas à résister avant tout aux définitions... dans le désir de porter plus loin une affirmation singulière d'existence, et laisser son oeuvre la manifester, en mettant en retrait son propre "ego", pour repousser les limites et cadres conventionnels qui en borneraient l'expression ? Il y a une très belle phrase de Rene Char (résistant) pour évoquer la création poétique (et sa dimension politique) :"Etre du bond, ne pas être de l'évenement son épilogue".Nadine Manzagol (Bastia, Corse) www.corsicamessageri.org
1. La résistance n'existe pas dans l'art, parce que l'art est en dehors de la vie2. La résistance n'est un devoir pour personne.
A chacun de se déterminer.PS: Ce débat, pour récurrent qu'il soit, n'en est pas moins absolument vain à chacun de ses avatars. On peut rediscuter 1000 fois de la relation Paulhan-Drieu, on enculera 1000 fois les mouches...
La ligne de base de la "résistance des artistes", elle a été fixée une fois pour toutes par Colon Nancarrow en Espagne, par René Char dans le Vercors, etc...
Si on veut vraiment parler résistance... alors on oublie l'art, et on prend les armes.
Tout le reste n'est que littérature.
Donc de l'art. Forcément en dehors de la vraie vie.Olivier Lefèvre, artiste multimédia (BXL, B) www.anacoluthe.com
La résistance est un plat qui se mange trop(à Olivier Lefevre) Et si l'Art c'était la vie ?...je veux dire la vraie vie.
L'émotion comme mètre étalon du passage.Loiez Déniel, artiste multimédia (Clermont-Fd, FR) www.radiophare.net/arteln ,www.radiophare.net/arteln/tlld.htm
1. Quelques vérités semblent encore bonnes à dire.
Les artistes ne sont qu'humanité. Sans humanité pas d'artistes et pas d'art.
Mais peut-être les "artistes" (que ce mot est désuet...) se doivent ils d'être les plus humains d'entre les humains.
Pouvoir ? Contre-pouvoir ? Garde-fou ? A évacuer les contenus, le fond, que dit le désuet artiste ?
Il ne dit plus rien, il explore les formes multiples et diverses. Il se rassasie, se rassérène, et se rassure des formes plates et floues qu'il engendre, sans conviction, sans engagement.
L'attitude de résistance c'est ainsi le devoir de son échec.
Quand l'engagement échoue ou qu'il n'y a pas eu d'engagement, il ne reste que l'attitude de résistance.
Encore faut-il qu'il y ait le sursaut !
Encore faut-il qu'il y ait le courage.
2. La résistance - pour tous, y compris donc l'artiste - n'est un devoir que parce qu'il ne s'agit
que de la conséquence de l'échec. Ceux qui ne résistent pas ne sont que des collaborateurs passifs ou actifs.
Le devoir de l'artiste c'est donc l'engagement. Fondamentalement !
Arteln et Artelr ne doivent pas seulement être des sites de résistance. Et si la résistance est un plat qui se mange trop c'est que les "artistes" ne s'engagent pas, ne s'engagent pas assez, ne s'engagent plus...
Et s'ils ne 'engagent pas, ne s'engagent pas assez, ne s'engagent plus, quel est réellement leur rôle social ?
Oui social, pas économique.
A l'attitude de résistance, je revendique l'attitude d'engagement : politique ! idéologique ! philosophique !
artistique ? ...? peu importe tout cela c'est un peu la même chose... Et pas question d'enculer 1000 fois les mouches.
Halte aux enculeurs de mouches !!! Même une fois.Bruno Mrozinski, photographe & auteur multimŽdia (Clermont-Fd, FR) http://perso.wanadoo.fr/bruno.mrozinski/
1. C'est pour moi de l'auto-défense.. mais je ne peux m'empêcher de situer ta phrase dans un contexte de fascisme, dictatures etc.. où l'expression est
muselée, assassinée.
2. Pas un devoir, à chacun de voir.. Les côtés négatifs d'un humain n'enlèvent rien à sa créativité.. Bien que, toujours dans un environnement fasciste, je pense qu'il y ait fortement besoin d'artistes "résistants", heureusement qu'il y en a eu, qu'il y en a...
Jane-Marie, modératrice de "Corsica in Core" http://perso.wanadoo.fr/d.aubin
1. dire très haut ce que beaucoup pensent trop bas(à Olivier Lefevre) ce n'est pas grave d'enfoncer des portes ouvertes, histoire de ne pas oublier qu'il y en a (des portes)
c'est comme en amour, on passe, on repasse
et on dit toujours la même chose...2. la rŽsistance, c'est le contraire de l'inertie mais ˆ chacun sa zone de rŽsistance
(à Loïez Déniel) La résistance est un plat qui se mange chaud, froid, trop... L'important, c'est de la consommer, ENSEMBLE.
Tamara Laï, artiste multimédia (Lge, B) www.radiophare.net/arteln , www.radiophare.net/arteln/tlld.htm
à Olivier Lefevre (1)"les forces de répression n'empêchent plus les gens de s'exprimer, elles les forcent à s'exprimer"
C'est bien pourquoi, à rebours de l'incitation spectaculaire permanente,
"créer n'est pas communiquer, c'est résister".
Gilles Deleuze in "Pourparlers".Antoine Moreau, artiste multimédia http://copyleft.tsx.org
1. Si l'on doit rentrer en résistances, c'est que la situation sociale est celle d'une dictature. Dès lors, l'art devient un signe de ralliement pour tous ces gens
en lutte contre une hégémonie et une incitation pour le renversement du pouvoir car l'art est une expression de la volonté de liberté qui est un des moteurs principaux de la création. L'art est symbolique, on peut donc facilement l'utiliser pour faire passer des messages subversifs contre la dictature et pour dénoncer les agissements de ses auteurs.
2. L'artiste n'a pas de devoir tant que tel. Mais dans le cadre d'une dictature, soit il est avec le pouvoir et il a un devoir d'embellissement et de justification de ce pouvoir, soit il est en lutte contre ce pouvoir mais ce n'est plus de devoir dont il s'agit mais d'une "résistance" spontanée et utopique mais passablement mortelle ou alors il s'en fout complètement et il continue son petit chemin personnel. La résistance est d'abord une histoire d'engagement personnel, de sensibilité politique et sociale, d'actions critiques où l'art n'est qu'un moyen
parmi d'autres pour faire tomber les dictateurs...Georges Tafelmacher, artisan (Pully, Suisse) www.multimania.com/tafelmacher/artel.html
1. "L'art comme résistance à l'art" : c'est sous l'égide de Nathalie Heinich que la communauté Française de Belgique avait choisi de présenter dix années d'acquisitions dans le domaine des arts plastiques. et de citer la sociologue : "Tout succès est un échec, tout échec est un succès", chantait Bob Dylan : la victoire de la transgression artistique, obtenue contre les réactions du sens commun et avec la complicité des médiateurs spécialisés, est en même temps sa défaite. La notion même de succès se trouve déconstruite, puisque la reconnaissance institutionnelle témoigne que le mouvement n'a pas réussi à se maintenir dans la transgression, aux limites du jeu artistique. Et la conquête de la liberté, ou de l'autonomie, s'accompagne de la perte de son objet : la permissivité des institutions enferme les artistes dans une liberté indéfinie, dès lors qu'ils n'ont plus d'autres choix que d'être libres -libres, du moins, dans les limites, dans les limites des règles du jeu qu'ils contribuent à définir une fois qu'ils ont réussi à y entrer. Mais comment faire pour éprouver sa liberté en franchissant les frontières lorsque les frontières sont niées par ceux-là mêmes qui étaient chargés de les garder ? Jusqu'où ira la fuite en avant dans l'épreuve des limites de l'art ? Et cette paradoxale injonction qui est faite aux artistes de réinventer indéfiniment les conditions de leur propre liberté - comment s'en libérer ?". Quelques mois après j'ai réalisé une
intervention à l'Ecole Nationale des Arts visuels de Bruxelles ("La Cambre") sous le titre : "l'art comme résistance à l'art comme résistance à l'art" qui sema un désordre mémorable dans l'école. Je m'y attendais, mais pas dans ces proportions (voir http://altern.org/bendyglu). Je ne regrette pas d'avoir accompli cette "transgression", n'en déplaise à Nathalie, qui m'a ôté tout espoir d'être recruté comme sociologue dans une école d'art en Belgique : même si je mange aujourd'hui des haricots, je pense avoir
démontré l'importance de cette résistance à l'heure où il est devenu quasiment impossible de faire quoi que ce soit qui mette en question les institutions artistiques (écoles, musées, etc.). Résister comme je l'ai
fait, contre un certain art, institutionnel, académique, me paraît le boulot de l'artiste. Si Duchamp a montré que le musée fait l'oeuvre d'art, il faut aujourd'hui se demander qui fait le musée, et c'est particulièrement
important quand ce pouvoir passe progressivement de l'Etat aux banques et aux multinationales. Résister pour un artiste, c'est mettre en jeu la croyance dans l'art, l'oeuvre d'art étant produite au moins deux fois : dans l'ordre matériel (qui n'a plus beaucoup d'importance) et dans l'ordre symbolique, pour se demander qu'est ce que c'est que l'art, imposture légitime, magie, croyance garantie par tout le groupe magique (Maus).
2. Les artistes n'agissent pas par devoir, c'est pompier, mais par nécessité : le monde n'est pas ce qu'on nous dit qu'il est, ils le savent, le vivent, le subissent : la seule solution pour ne pas se suicider, c'est de le montrer.Bendy Glu, peintre du champ à St Gilles (BXL,B) http://altern.org/bendyglu
1. c'est résister de conscience aux conditionnements et à la pression sociale qui dans le domaine de l'art sont tout aussi actifs que dans d'autres milieux.
La résistance procède d'une vision critique des conditions (sinon, on ne fait pas de résistance)
dans le champ artistique c'est faire des contre-propositions, alternatives au modèle dominant
et dans lesquelles une critique implicite peut s'exprimer ou dont la logique de développement
enclenche des forces contre ce à quoi l'on résiste : un effet, un résultat.
la difficulté à établir un discours critique ou revendicatif pour cause d'abus de communication,
fait que je préfère que la critique soit immanente à la proposition artistique elle-même.
Et puis c'est plus rigolo dans l'organisation d'un futur antérieur
à laquelle nous sommes désormais obligés.
il faut que ces propositions soient alimentées par une conscience la plus libre et individuée possible. même dans le cadre d'un travail collectif (remplacer une par des)
la résistance est très démodée parce qu'elle se confond parfois avec un comportement réactionnaire (contre l'évolution des choses,
le"progrès"). C'est ainsi que le pouvoir la discrédite, pour ridiculiser l'opposition.
Il est vrai que des feignants au nom de la résistance sont carrément réactionnaires, aussi, ou se complaisent dans l'ignorance. se rappeller du sens que prenait ce mot dans les années 40.
la résistance peut coûter la vie ou d'affreuses tortures. ce qu'avaient bien compris les milliers de fonctionnaires qui n'ont fait "que leur travail" à cette époque.
en art la mort n'est pas violente. elle prend la forme de l'exclusion progressive, de la privation d'informations. Il arrive que l'artiste l'accélère en buvant du vin rouge
qui comme l'exclusion tue lentement et sûrement
2. on ne peut pas donner de devoir à l'artiste. C'est lui qui se le donne, à tort ou à raison, en se trompant de porte ou pas, et l'art est toujours un acte de résistance, même si elle est parfois soft.
Les gens qui ne font pas de résistance font des affaires.
Christine deviers-joncour ne fait pas de résistance, même aux derniers outrages.
le PDG de Total non plus, pas besoin : ce serait plutôt à l'Etat de faire de la résistance contre le PDG de Total.
dans l'état actuel du monde, c'est une impérieuse nécessité. si on laisse les décideurs décider comme ça encore longtemps, on va tous mal finir en vaches folles et en mollahs, mais tous heureux avec un beau téléphone portable en plastique de couleur
pour que nos chefs nous appellent (à l'ordre).
mon travail n'a pas d'autres sens depuis 5 ans.Pol Guézennec, artiste multimédia, (Quimper, FR) http://pro.wanadoo.fr/pol.guezennec/hqm