Nous voici à l'école Trois disciples du Maître m'y accueillent. Je connais leurs visages, ils sont dans le film qu'ARTE TV a consacré au Maître ("Le Maître de WudangShan") et sur de nombreuses photos sur le site de l'école.
J'ai l'impression d'entrer dans le film, c'est une sensation étrange et exaltante, mon rêve se réalise!
Tian me demande si je veux manger "Chi fan ma ?". Non merci, je n'ai pas faim, je suis juste un peu ivre de joie. Tian s'excuse et rentre chez lui.
Les trois professeurs veulent me montrer l'école ; il est environ minuit, dans le ciel moutonné de nuages laiteux flotte une lune pleine et rousse.
Le mythe de la lune rousse, de mauvais présage, n'aura pas d'effet cette fois, car mon séjour dans les monts Wudang fut un séjour de plein bonheur.

Premier lever chinois 5h du matin. Le gong retentit une première fois, signal que la trentaine d'étudiants chinois, plus un allemand et un français, doivent se préparer. Le rassemblement dans la grande cour se fait à pas feutrés. Et c'est dans le silence qu'ils pratiquent le QI GONG matinal. Ensuite ces mêmes étudiants, des garçons et une fille âgés de 9 à 18 ans, participent à l'entretien de l'école.7h du matin. Le gong annonce le petit déjeuner. Du lait de soja tiède, des nouilles, du riz sauté aux oeufs et légumes, des arachides grillées. Mmm, c'est délicieux.
Nous les foreigners, mangeons à table dans la salle à manger. La dame de la cantine nous parle avec un fort accent du terroir. C'est une femme solide et enjouée, qui aime plaisanter et rire, comme la plupart des chinois, me semble-t-il.


Première journée de pratique Rassemblement pour tous dans la cour centrale. Nous démarrons au pas de course et faisons quelques tours.Ensuite viendront des mouvements de QI GONG avec Ming Yue, professeur et premier disciple du Maître. Il existe une hiérarchie dans ces écoles, indispensable pour que la vie en communauté (car il s'agit bien d'une communauté) se déroule au mieux. Et bien que douce et très discrète, l'autorité est bien présente.

Ming Yue En français Lune brillante, Ming Yue est un jeune homme de 24 ans, au visage serein et pâle, aux traits fins et agréables. Mais sous les plis de son costume, se dissimule une carrure imposante et des muscles puissants. Après quelques jours, j'ai découvert, et ce fut une révélation, que ces adeptes des arts martiaux de style Wudang, allient la grâce des danseurs classiques à la puissance musculaire des combattants.
En cela, ils sont la synthèse parfaite du Yin et du Yang : fluidité et force en un seul corps. Qui n'a jamais vu un artiste martial des monts Wudang ne peut se vanter de connaître vraiment l'essence des Arts martiaux chinois.



Aire de pratique Dans la cour derrière le corps de l'école, à flanc d'une colline semi-sauvage semi-cultivée, chargée d'une végétation généreuse, je perçois un son inhabituel. On dirait une onde qui naît du silence, s'amplifie jusqu'au paroxysme et puis s'éteint pour réapparaître. Cette vague, il me semble d'abord qu'il s'agit du son de l'électricité transitant dans les câbles.Je m'en informe et découvre qu'il s'agit du chant diurne des cigales. Une chorale de cigales, des cigales de 4 à 10 cm qui chantent ensemble le jour, et fredonnent la nuit la mélodie que nous leur connaissons dans le Sud de l'Europe.
Des papillons veloutés, grands comme des moineaux, voltigent entre les plantes. Nous sommes en août et il fait chaud.
Lors de ces deux semaines de pratique dans un climat subtropical, je vais transpirer comme jamais, prenant plusieurs douches froides par jour.

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